Les vitraux
À Rome, l’aventure Liberty démarre avec grande créativité dans les premières années d’une vingtième siècle. L’atelier du maître verrier Cesare Picchiarini (1871-1943), initiateur de la renaissance de l’art du vitrail, est le point névralgique de l’expérimentation et d’une variété de techniques; c'est autour de cet atelier qu'il créa vers 1910 un petit groupe d'artistes, parmi lesquels il convient de citer Duilio Cambellotti(1876-1960), Paolo Paschetto (1885-1963), Umberto Botazzi (1865-1932) et Vittorio Grassi (1878-1958), qui commencèrent l'ouvrage de mise en valeur de l'ancienne technique de la verrerie et l'adaptèrent aux exigences décoratives nouvelles de la maison moderne et aux goûts des clients bourgeois qui commandaient les œuvres.
Leurs productions se caractériseront par une renonciation aux « effets picturaux » et à l'habitude du verre peint au feu. Dans les premiers temps, un certain éclectisme persiste dans leur production avec la présence de thèmes médiévaux ou préraphaélites. Avec la maturité, on voit apparaître les thèmes géométriques et zoomorphes, innovations thématiques qui introduisent une note de grandiosité et d’élégance dans les espaces domestiques.
Leurs œuvres commencèrent à avoir une portée internationale qui leur valut des commandes de plus en plus importantes de la part de la bourgeoisie romaine qui voulait décorer ses résidences selon la mode du thème.
Les artistes du monde romain continueront à dessiner des vitraux à thèmes géométriques et naturalistes pour les bourgeois, alors que les vitraux à histoires, paradigme de la technique ancienne, resteront confinés à la production ecclésiale et funéraire. La fermeture de l’atelier Picchiarini au début des années Vingt marque le début de la fin de l’aventure Liberty romaine.
La Casina delle Civette, issue de la volonté de Giovanni Torlonia junior, est un exemple parlant de l’art du vitrail dans la période Liberty; on peut y observer différents modèles de vitraux réalisés entre 1908 et 1930 par l’atelier Picchiarini d’après des ébauches de Duilio Cambellotti, Umberto Bottazzi, Vittorio Grassi et Paolo Paschetto, les plus hauts représentants du Liberty romain.
Après les travaux de restauration qui en ont fait le cadre incomparable du Museo della Vetrata Liberty, la Casina delle Civette, exemple unique de style Liberty, nous permet d’admirer l’évolution de la technique du vitrail dans la période allant de 1910 à 1925. Dans des œuvres telles que « Civette » (Chouettes), « I migratori » (Les migrateurs) ou « La fata » (La fée) , on remarque la grande variété chromatique des dessins de Duilio Cambellotti; le monde animal est bien représenté par les cygnes (« Cigni ») et les paons (« I Pavoni ») d’Umberto Bottazzi, alors que les éléments naturalistes sont à la base des vitraux dessinés par Paolo Paschetto, notamment « Rose, nastri e farfalle » (Roses, rubans et papillons) ou « Ali e fiamme » (Ailes et flammes). Le monde symbolique est présent dans le magnifique vitrail de Vittorio Grassi intitulé « L'idolo » (L'idole).